Les Frigos










Les FRIGOS, intention du projet


Presque tout le monde en a un chez soi, c’est un objet du quotidien, un objet banal et vite oublié. Pourtant le frigo, le Frigidaire, le réfrigérateur est tout sauf insignifiant dans ce qu’il révèle des intimités de son propriétaire. C’en est même l’impudique fenêtre ouverte sur ses intérieurs.

A la fois signe économique, révélateur sociologique, expression des désordres fantaisistes ou des ordres compulsifs, ce lieu peu montré, presque secret et pourtant sans aucun verrouillage devient soudain une géographie fidèle et éloquente des comportements dans une société donné.

Voici donc un terrain de prédilection pour une aventure artistique. Un endroit des envers qui se cachent dans les dispositions ou les consommations, dans les conditionnements d’achats ou la typologie des contraintes économiques ou culturelles. Un terrain propice à une investigation photographique et radiophonique. 

Antoine Arlot (acousticien) c’est donc associé à Eric Didym (photographe) pour plonger au coeur de ce lieu rempli de couleurs, de perspectives et de contrastes abstraits pour en extraire une impression paradoxalement réaliste et poétique. 


La transformation du banal en extraordinaire paysage. Mais ne constatons-nous pas chaque jour que ce sont les détails qui vibrent de poésie ?




Les FRIGOS, une enquête visuelle et sonore


Trois axes de travail, chacun étant menés en parallèle sur un même objet mais avec un angle d’étude différent.

Tout d’abord, la photographie.

Il s’agit de photographier l’intérieur de ce réfrigérateur comme une nature morte. L’objet n’est pas à transformer mais à restituer de la manière la plus chirurgicale et réaliste possible, proposant ainsi à la matière dévoilée de se révéler elle-même. 
Il n’y a pas d’intervention sur l’agencement ou la composition, la photographie est prise « sur le vif » même si un travail extrêmement technique de la lumière est mené.

Vient ensuite l’enquête radiophonique.

Comme une analyse sociologique, neutre et sans intervention, des interviews des propriétaires de l’objet seront menés. Il s’agit là de recueillir une parole, de récupérer le contexte et la tonalité. Ces captations se veulent généralistes, sur la vie, le travail, les espoirs, les passés ou les envies.

Puis, la captation des bruits caractéristiques.

On peut parler d’empreinte ou de signature acoustique, l’environnement sonore étant reconstitué en paysage sonore issu de tous les souffles et autres chuintements de l’appareil lui-même. 
Cette bande-son se veut immersive, c’est à dire multi-diffusée pour provoquer la proximité, le dérèglement des repères géographiques et spatiaux, le mouvement sonore et la participation active à l’image.



Nous parlons d’enquête, car ce travail s’apparente à une étude. Une inspection, une observation d’un objet et de son environnement social.




Les FRIGOS, une installation sensible et immersion


Dans un grand box noir seront accrochés les photographies des intérieurs de frigos. 
Ces prises de vue seront à l’échelle 1/1, avec la volonté de rendre réalistes ces paysages impudiques. Elles seront de plus exposées comme des tableaux, mis en valeur comme des objets sacralisés. 

De partout se faufilera l’environnement sonore multi-diffusé et les bouts éparpillés d’interviews. On peut parler de pièce radiophonique morcelée. L’écho sans narration de ce que l’on voit. 


Il ne s’agit pas d’expliquer ni de donner un sens historique ou sociologique aux photographies exposées, mais bien de générer un contexte, un environnement, une sensation faite de diversité, de prosaïsme et d’universalité mêlés.




Les Frigos se veulent un audio-humanisme des banalités merveilleuses. 
La poésie spontanée des objets discrets.